El porteñito
Voici le portrait du fameux compadrito, qu' Ángel Villoldo (1861-1919), l’un des grands compositeurs de la "vieille garde", présente dans son non moins célèbre tango-milonga "El porteñito", composé en 1903. On peut l'entendre et le voir interpréter lui-même les premières strophes en s’accompagnant à la guitare
EL PORTEÑITO LE P’TIT PORTÈGNE[1]
Soy hijo de Buenos Aires, Je suis un fils de Buenos Aires
por apodo "El porteñito", j’ai pour surnom "Le p’tit Portègne",
el criollo más compadrito le mec du coin le plus balèze
que en esta tierra nació. qu’on ait vu naîtr’ sur cette terre.
Cuando un tango en la vigüela Quand sur sa guitare vient râcler
rasguea algún compañero un bon tango un d’mes copains
no hay nadie en el mundo entero dans l’monde entier y’en a pas un
que baile mejor que yo. qui mieux que moi sache danser.
No hay ninguno que me iguale Y’en a aucun pour m’égaler
para enamorar mujeres, pour venir tomber les nénettes,
puro hablar de pareceres, pur baratin, de la gonflette,
puro filo y nada más. de purs bobards et c’est plié.
Y al hacerle la encarada En lui faisant joli minois
la fileo de cuerpo entero jusqu’au trognon je l’entortille
asegurando el puchero et la marmite je f’rai bouillir
con el vento que dará. avec le fric qu’elle donnera.
Soy el terror del malevaje Je suis la terreur des voyous
cuando en un baile me meto, lorsque dans un bal j’apparais
porque a ninguno respeto puisque je n’ai aucun respect
de los que hay en la reunión. de tous ceux qui sont tout autour.
Y si alguno se retoba Si y’en a un qu’est pas content
y viene haciéndose el guapo et qui cherche à fair’ le malin
lo mando de un castañazo moi je lui flanque un sacré pain
a buscar quien lo engrupió. et le renvoie chez sa maman
Cuando el vento ya escasea Quand le pognon il n’y’en a plus
le formo un cuento a mi china je baratine ma copine
que es la paica más ladina c’est la môme la plus maline
que pisó el barrio del sur. qu’au quartier sud on ait connue.
Y como caído del cielo Alors le pèse de la haut
entra el níquel al bolsillo dans ma poche tombe tout cuit
y al compás de un organillo et sur un orgu’ de Barbarie
bailo el tango a su "salú". à sa santé j’ dans’ le tango.
Paroles et musique : Ángel Villoldo Traduction : Jacques Ancet
Cette traduction, qui peut se chanter sur la musique de Villoldo, a été proposée dans le contexte d'un petit exposé consacré aux "compadres" et "compadritos" en novembre 2009 à la MJC des Romains à Annecy .
[1] Porteños : nom des habitants de Buenos Aires
Une interprétation du "Porteñito" par D'Agostino et Angel Vargas (mais Angel Vargas y chante des paroles différentes de celles que nous publions qui sont celles de Villoldo, car il en va ainsi de la culture populaire : les variations musicales et parolières sont multiples)