milonga triste
Traduction de la Milonga Triste, 1936, paroles : Homero Manzi, musique : Sebastián Piana.
A la milonga du Scarabée le 29 mai 2010 organisée par Tango Velours, Jacques Ancet a brièvement présenté Homero Manzi, puis chanté sa traduction de la "Milonga Triste", avant d'en proposer l'interprétation par le poète, chanteur et guitariste uruguayen Alfredo Zitarrosa.
On peut entendre A. Zitarrosa sur le site "la caminata".
Homero Manzi, malgré une courte vie de 44 ans (1907-1951) est l’un des plus importants paroliers-poètes du tango.
L'expression "parolier-poète" est choisie à dessein ; car il n’est pas à proprement parler un poète : il ne crée pas un nouveau langage, il n’écrit ni ne publie aucun livre. Son mode d’expression exclusif est la chanson ; mais il y manifeste une exigence, un sens de la métaphore et de l’image audacieuse qui le rendent proche du poète.
Qui dit "chanson" dit "paroles et musique indissolublement liées". Homero Manzi a travaillé avec de grands compositeurs de Tango : par exemple avec Sebastián Piana il compose plusieurs milongas ("Milonga del novecientos", "Milonga Sentimental"), avec Pedro Maffia : « Malena », avec Lucio Demare : "Mañana zarpa un barco", avec Osvaldo Pugliese : "Recien" , avec Troilo : « Che bandoneón » et « Sur ».
Ce qui caractérise son œuvre, c’est la réhabilitation de la milonga qui est à l’origine du tango, et l'appartenance à la veine romantique qui marque le tango des années 40. La "Milonga Triste" est, de ce point de vue, emblématique : une milonga qui chante la douleur de la perte.
La traduction de J. A. peut être chantée sur la musique de Sebastián Piana. (Il faudrait que ce soit toujours ainsi, que l'on puisse, tout en restant au plus près des paroles originales, chanter la traduction d'un tango ou d'une milonga, puisque, paroles et musique étant inséparables, les paroles isolées de leur musique perdent quelque peu de leur force ou de leur charme).
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MILONGA TRISTE
Llegabas por el sendero,
Sur le sentier, tu arrivais
delantal y trenzas
sueltas, un tablier, des tresses
brunes
brillaban tus ojos negros,
avec tes yeux noirs qui brillaient,
claridad de luna llena...
une clarté de pleine lune...
Mis labios te hicieron daño
Mes lèvres alors t’ont fait souffrir
al besar tu boca
fresca. d'un baiser sur ta bouche
fraîche.
Castigo me dió tu mano,
Mais si ta main m'a su punir
pero más golpeó tu ausencia.
c’est ton absence qui me blesse.
Ay... Ah...
Volví por caminos blancos,
Par des chemins blancs je revins,,
volví sin poder llegar.
revins sans pouvoir arriver.
Triste
con mi grito largo, Triste de mon
long cri sans fin,
canté sin saber cantar.
j’ai chanté sans savoir chanter.
Cerraste los ojos negros,
Tes deux yeux noirs se sont fermés,
se volvió tu cara
blanca et ta face est devenue
blanche,
y llevaron tu silencio
lorsque les cloches ont sonné
al sonar de las campanas.
ils ont emporté ton silence.
La luna cayó en el agua,
La lune dans l’eau vint tomber,
el dolor golpeó mi pecho.
la douleur m'a frappé au coeur.
Con
cuerdas de cien guitarras De cent
guitares, j’ai tressé
me trencé remordimiento.
les cordes avec tout mon malheur.
Ay ... Ah...
Volví por caminos viejos,
Par de vieux chemins je revins,
volví sin poder llegar.
revins sans pouvoir arriver.
Grité
con tu nombre muerto J’ai crié ton
nom mort au loin,
recé sin saber rezar.
j’ai prié sans savoir prier.
Tristeza de haber querido
Tristesse de t’avoir aimée
tu rubor en el sendero.
rougissante sur le chemin.
tristeza
de los caminos Tristesse de
tous les sentiers
que después ya no te vieron.
où plus jamais tu ne revins.
Silencio en el camposanto,
Cimetière plein de silence,
soledad de las estrellas,
les étoiles, leur solitude
recuerdos
que duelen tanto, souvenirs et tant
de souffrance,
delantal y trenzas negras
un tablier et deux tresses brunes.
Ay Ah...
Volvi por caminos muertos, Par
des chemins morts je revins,
Volvi sin poder llegar.
revins sans pouvoir arriver.
Grité con
tu nombre bueno, J'ai crié ton doux
nom lointain,
Lloré sin saber llorar
j'ai pleuré sans savoir pleurer.
Homero Manzi traduit par Jacques Ancet